Le covid-19 a bouleversé notre économie, obligeant les entreprises du retail à s’adapter d’une façon très réactive et à participer à l’effort national pour lutter contre cette crise. De nombreuses initiatives solidaires ont émergé, renforçant le lien entre le secteur public et privé, et favorisant des partenariats parfois surprenants.
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Les initiatives solidaires des retailers
Pour aider à lutter contre la propagation du virus et pallier les potentielles pénuries, certaines enseignes n’ont pas hésité à offrir leurs stocks de produits ou matières premières.
La société Pernod Ricard a ainsi fait don en mars de 70 000 litres d’alcool pur au laboratoire Cooper afin de fabriquer du gel hydro alcoolique. Ce dernier s’est par ailleurs engagé à reverser l’équivalent du don à des associations en lien avec le secteur de la santé.
À la suite de l’annonce des tests concluants pour transformer le masque de plongée Easybreath de Décathlon en respirateur, l’enseigne a bloqué la vente de ces produits au grand public, afin d’offrir l’intégralité de ses stocks aux hôpitaux.
9Ces initiatives solidaires ont permis de pouvoir mobiliser rapidement les ressources nécessaires à la mise en place de solutions immédiates et efficaces face à cette crise sanitaire.
Solidarité nationale : interdépendance entre secteur privé & public
Le groupe LVMH a reconverti fin mars trois de ses sites de production français habituellement dédiés à ses parfums et cosmétiques, afin de produire du gel hydro alcoolique. Cette initiative a permis de fournir gratuitement 12 tonnes de gel hydro alcoolique par semaine aux hôpitaux français durant le pic de l’épidémie. Les excédents de production sont aujourd’hui redistribués en dons aux magasins de la grande distribution.
Des retailers du textile (prêt à porter, lingerie, linge de maison), tels que Lacoste, Petit Bateau, Chantal Thomass, Passionata ou Blanc des Vosges ont, quant à eux, adapté leurs ateliers afin de produire des masques de protection réutilisables en tissu. La plupart de ces enseignes ont utilisé le textile issu de leurs stocks de matières premières et ont fait appel à leurs salariés sur la base du volontariat. La distribution a ensuite été disparate selon les enseignes. Principalement destinés aux entreprises en première ligne et aux services publics, ces masques ont été commercialisés ou ont fait l’objet de don, afin d’équiper plus largement la population. C’est ainsi que certains habitants ont reçu dans leur boite aux lettres des masques Lacoste ou Chantal Thomas, offert par leur mairie.
A la différence du gel hydro-alcoolique et des masques chirurgicaux, Bercy n’a pas encadré le prix de vente de ces masques en tissu, estimant que pour les industriels fabriquant ces masques, il ne s’agissait pas de faire de la marge.
En ces temps de crise, la solidarité nationale est apparue comme primordiale, afin d’apporter une réponse efficace à grande échelle. Ces exemples nous démontrent l’interdépendance du secteur privé et du secteur public. Ce dernier ayant parfois plus intérêts à s’appuyer sur la flexibilité et les économies d’échelles des retailers plutôt que d’internaliser certaines productions à grande échelle.
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Le Covid : un déclencheur dans la mise en place de partenariats, parfois surprenants
A l’échelle mondiale, les entreprises ont su se rapprocher et profiter d’opportunités en faisant preuve d’innovations ; afin de s’adapter à ces nouveaux enjeux économiques.
Des entreprises de la grande distribution se sont associées à des spécialistes de la livraison.
On peut ainsi citer le groupe Carrefour, qui en précurseur, a noué un partenariat début avril avec Uber Eats. Rejoints par la suite par les enseignes du groupe Casino et également la plateforme de livraison Deliveroo. L’objectif de ces partenariats a été d’accélérer la livraison des produits de première nécessité (alimentaire, hygiène et entretien) à l’échelle nationale. Capitalisant sur le volume des stocks et la rapidité de préparation des commandes de la grande distribution, alliés à l’agilité des applications de livraison, les délais de livraison de ces produits ont ainsi pu être réduits de plusieurs jours à une heure ; Ce service ayant évidement un surcoût.
Le rapprochement entre Carrefour et Uber Eats s’inscrit dans un objectif de partenariat à long terme, les entreprises souhaitant se diversifier ensemble sur d’autres marchés et dans d’autres pays à l’implémentation commune (Brésil, Italie, Espagne), permettant ainsi au groupe Carrefour de diversifier son approche de service et de logistique.
En Allemagne, McDonald’s et Aldi ont mutualisé leurs salariés pour une durée limitée dans une démarche de mobilité inter-entreprise. Alors que les restaurants fermaient, les chaines de supermarché ont été, à l’inverse, particulièrement sollicitées. Pour faire face à cet afflux, un effort national a été mis en place via un « pacte de personnel », permettant aux salariés volontaires chez Mc Donald de rejoindre les équipes d’Aldi. Ces contrats à durée temporaire, permettant un retour au sein de l’enseigne initiale par la suite, ont permis de trouver des solutions rapides, afin de garantir l’approvisionnement des supermarchés à l’échelle nationale.
Pour symboliser ces partenariats inattendus visant à lutter contre la crise sanitaire, à l’échelle mondiale, il faut également citer Google et Apple qui ont collaboré afin de concevoir un système de traçage à destination des autorités de santé. Il ne s’agit pas ici de retail ni même d’application mais d’«une interface de programmation (API) que les agences de santé pourront intégrer dans leurs propres applications » ont-ils précisé. Le développement étant ensuite géré par chacun. Les applications de traçage reposent sur le Bluetooth qui utilise des ondes courte-distance et permet de notifier les appareils précédemment croisés. 22 pays auraient déjà demandé à avoir accès à l’interface de programmation.
Google et Apple ont néanmoins imposé des conditions d’utilisation aux Etats : L’application ne doit être disponible qu’à titre volontaire, ne devra pas collecter de données de géolocalisation, ni donner lieu à une exploitation commerciale. Par ailleurs une seule agence de santé par région ou Etat pourra l’utiliser.
Le gouvernement français a préféré s’appuyer sur d’autres outils, afin de conserver la maîtrise de sa solution de traçage. L’application StopCovid vient d’être mise en service sur le territoire le 02 Juin.
Le mot « Crise » écrit en chinois se compose de deux caractères : l’un signifiant « Danger » et l’autre « Opportunité ». Que ce soit par des dons, des reconversions de site de production ou la création de partenariats inattendus, les entreprises du retail ont su faire preuve de grandes solidarités. L’ajustement des flux de produits, la simplification du transfert de ressources humaines, la mutualisation d’expertises et de compétences technologiques, ont permis de protéger les populations afin de lutter ensemble contre cette pandémie mondiale. |
Par Jessica Savey.