Depuis un an, on entend parler du Quick Commerce et nos quais de métro sont envahis d’affiches présentant des entreprises nouvelles offrant un service de livraison toujours plus rapide.
Qu’est-ce que le Quick Commerce ?
Le Quick Commerce désigne les activités commerciales de distribution basées sur la promesse d’une livraison effectuée dans un délai très court de l’ordre de 10 à 15mn.
Les activités relevant du Quick Commerce desservent les zones à forte densité urbaine et s’appuient généralement sur de petits entrepôts ou hubs situés en centre-ville et désignés sous le terme de « dark stores ».
L’assortiment proposé est généralement plus réduit qu’une supérette de quartier (entre 1500 et 2000 références).
Dans le contexte de la pandémie de ces deux dernières années, le commerce alimentaire en ligne a connu une forte progression.
Le marché a augmenté de 50% en deux ans passant de 6 milliards d’euros en 2019 à 9 milliards d’euros en 2021.
Au sein du marché de la livraison alimentaire, les quick commerçants ont encore du chemin à faire par rapport aux mastodontes de la “LAD” (livraison à domicile). A ce jour, leur taux de pénétration des foyers français est de 1,5% et il s’agit en grande majorité de foyers parisiens ou à urbanisme fort (à Paris, le taux de pénétration est 7 fois supérieur à celui du reste de la France).
Il existe aujourd’hui en France, 8 acteurs sur ce marché qui n’existaient pas il y a juste un an.
Le levier d’expansion est donc la conquête des territoires, tout en gardant les deux marqueurs forts de la “LAD” que sont:
- Le gain de temps
- Le consommer chez soi
Quel est le business model du Quick Commerce ?
Le concept de départ réside dans le fait qu’il est plus pratique et rapide de commander le sachet de parmesan manquant à vos pâtes qui sont en train de cuire que de descendre l’acheter au magasin du coin. Le temps que vos pâtes soient prêtes, le fromage sera livré.
Pour ce faire, il faut donc aller très vite.
La préparation de la commande se fait dans un « dark store » en un temps record (entre 2 et 3mn). Il s’agit généralement d’un ancien magasin qui n’est pas ouvert au public mais qui contient tous les rayonnages des produits de première consommation pouvant nécessiter un dépannage.
Ces petits entrepôts font entre 200 et 400m2 et contiennent entre 1500 à 2000 références.
Une fois la commande préparée, elle est livrée en vélo électrique dans un rayon de 1,5 à 2km.
Les frais de livraison s’appliquent pour la plupart des acteurs, de même qu’un minimum de commande.
Les prix des produits sont ceux d’une supérette de quartier et s’avèrent même moins chers qu’un Franprix ; d’autant que les quick commerçants peuvent user de promos très agressives.
Quel avenir pour le Quick Commerce ?
IRI, l’entreprise américaine pionnière dans le Big Data identifie un « boulevard » pour la livraison à domicile dans les zones hyper urbaines, où les drives ne peuvent pas se développer.
Toutefois, le Quick Commerce peut-il survivre et croître au-delà des courses de dépannage, tout en conservant sa promesse de rapidité ?
Pour que le modèle économique fonctionne, il faut remplir plusieurs conditions :
- Augmenter le nombre de livraisons par heure (au minimum 4 vs 3 aujourd’hui)
- Moduler le tarif de livraison selon les jours/heures
- Accroître le panier moyen (de 25 à 30€)
- Améliorer le mix produits avec l’ajout de références à plus forte valeur
- Restreindre la zone de chalandise
- Obtenir des conditions d’achats attractives (à l’instar de Cajoo dans lequel a investi Carrefour)
- Atteindre plus de 500 commandes par jour
On constate beaucoup d’appelés mais il restera peu d’élus.
Ceux-là seront ceux qui auront pu :
- Injecter massivement et durablement du cash
- Tenir la promesse de rapidité
- Garantir la qualité des produits livrés
- Augmenter leur assortiment en respectant la productivité
La question est alors : existe-t-il une demande suffisante pour satisfaire tous ces prérequis ?
Par Claire Jagodzinski
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Sources :
- LSA Commerce Connecté – Quick commerce: un marché à 122 millions d’euros en France
- Définitions marketing – Quick Commerce
- Les Echos / Tribune – Quick commerce : un marché en pleine ébullition
- Le Web Grande Conso – Focus Grande Conso : 5 questions sur le quick-commerce