Depuis la mise en vigueur du DEET (Décret Eco Energie Tertiaire) au 1er octobre 2019, les acteurs du secteur tertiaire ont l’obligation de mettre en place, dans leurs points de vente concernés, des dispositifs d’efficacité énergétique afin de lutter contre le changement climatique.
Les objectifs de ce décret sont de « réduire les consommations d’énergie finale de l’ensemble du parc tertiaire d’au moins -40 % en 2030, -50 % en 2040, -60 % en 2050 (par rapport à 2010) ».
Ce décret s’inscrit dans la démarche globale de responsabilité sociétale des entreprises qui vise à responsabiliser ces dernières sur l’impact environnemental et sociétal de leurs activités.
L’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) dans son rapport Climat & Energie de 2018 souligne que « les bâtiments tertiaires représentent 973,4 millions de m2 en France, soit plus d’un tiers de la consommation d’énergie du secteur du bâtiment ».
Des propositions de solution
Face à ce constat sans appel, une demande d’engagement plus forte des entreprises s’est opérée. Pour se faire, on voit depuis quelques années apparaître au sein des entreprises, des rôles liés à l’Energy management.
L’Energy management se définit comme « des actions mises en place par les entreprises et les collectivités afin d’améliorer leur performance énergétique. Un système d’Energy Management permet de résoudre l’équation complexe du budget énergie (…) ».
Engie, fournisseur d’énergie principal en France, décline le système autour de 4 actions :
- Analyser et optimiser ses consommations d’énergie
- Maîtriser ses dépenses
- Réduire son empreinte carbone
- Sensibiliser ses salariés aux éco gestes
Plusieurs actions sont préconisées pour améliorer la performance énergétique dans les commerces. Face aux chiffres susmentionnés, les principaux postes de dépenses (éclairage, chauffage, ventilation/climatisation et la production de froid) ont fait l’objet de décrets, visant à institutionnaliser les bonnes pratiques à adopter, pour responsabiliser les entreprises sur leur consommation.
Dans son article Plan d’Économie d’Énergie pour les magasins : Quelles mesures mettre en place ? Elodie Guillard souligne « en France, une limite du chauffage à 19ºC est inscrite dans l’article R241-26 du Code de l’énergie. De la même manière, un article du décret 2007-363 stipule que la climatisation ne doit être utilisée que lorsque la température intérieure des locaux dépasse 26 degrés ».
Concernant l’éclairage, l’article R581-59 oblige l’extinction des lumières lorsque l’activité du point de vente s’arrête. Pour la production de froid, Franck Charton de Perifem, souligne que « nous avons été un précurseur mondial en signant, en 2012, l’accord avec le ministère pour installer des portes de fermeture sur les meubles frigorifiques. Depuis, 75 % des meubles ont été ainsi fermés, permettant l’économie de 50 % de leur énergie ! ».
La certification ISO 50001, publiée le 15 juin 2011, vient en réponse à cette nécessité pour les organismes de s’ancrer dans une démarche d’efficacité énergétique. Les magasins certifiés ont donc réussi à répondre aux différents critères d’attribution.
Les actions entreprises par les acteurs du Retail
Nous allons mettre en lumière des initiatives de retailers qui ont réussi à contrôler la performance énergétique dans leurs magasins.
Picard
En effet, pour améliorer son empreinte énergétique, Picard a mis en place des technologies innovantes en magasin. Congélateurs auto-dégivrants, free-cooling (utilisation de l’air extérieur pour refroidir ses congélateurs) ou encore la boucle d’eau… En 2015, dans son « magasin laboratoire » de Rueil Malmaison, l’utilisation de ces dernières, a permis de réaliser une économie d’énergie de 40% au global.
Carrefour
Depuis une dizaine d’années, Carrefour, géant français de la grande distribution, a également pris des initiatives en point de vente pour réaliser des économies d’énergie. Dans son article, Carrefour premier distributeur français certifié ISO50001, Yves Puget précise que « dès 2004, la mise en place d’un outil de gestion de technique centralisé (GTC) avait pour objectif de maîtriser les énergies liées au froid, à l’éclairage, à la climatisation/chauffage, aux fours, aux rôtissoires ». Récupération de chaleur, installation d’éclairage basse consommation et fermeture du mobilier contenant du frais ont permis à l’enseigne d’être certifiée ISO5001 en 2015 par AFNOR.
Leroy Merlin
Leroy Merlin, leader dans le bricolage et l’ameublement, a obtenu la certification de son point de vente à Saint-Louis, sur l’île de la Réunion. Le contrôleur de gestion du magasin, Pierre Henry PERIOT explique au magazine Leader Reunion que les gestes d’économies d’énergie sur le point de vente ont été réalisé sur la climatisation et l’éclairage. Le magasin a aussi installé des panneaux photovoltaïques, sur son toit, pour produire de l’énergie de manière autonome.
Bien que la responsabilité sociétale des entreprises ait été instaurée depuis une trentaine d’années dans toutes les industries, plusieurs facteurs ont accru les prises d’initiative ces dernières années : la crise climatique qui est fortement relayée sur les réseaux sociaux, une demande d’engagement plus forte des entreprises de la part des consommateurs et les obligations légales.
En réponse à la demande collective visant à économiser de l’énergie, mettre en évidence les actions RSE réalisées à l’échelle du point de vente permet de constater comment les actions microsociales ont des répercussions à l’échelle macrosociale.
Par Cira Diagana