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RSE dans l’Optique : premier pas vers le Passeport Numérique 

En France, le marché de l’optique a généré environ 7,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2023, enregistrant une croissance de 5 % par rapport à 2022. Ce secteur profite d’une double dynamique : d’une part, l’augmentation des besoins liée au vieillissement de la population, d’autre part, l’attractivité croissante des innovations technologiques.  

Mais les enjeux environnementaux deviennent également un troisième axe à adresser pour répondre notamment certes au cadre réglementaire européen mais aussi aux convictions des jeunes générations, soucieuses de leur impact écologique et social. 

Les démarches RSE dans le secteur de l’optique

Pour certifier leurs démarches, les entreprises engagées dans une politique RSE s’appuient sur plusieurs labels reconnus, témoignant de leur engagement concret. Les Normes ISO14001 et 5001, le Label Engagé RSE de l’AFNOR, le Label Enseigne Responsable du Collectif Génération Responsable sont les principales certifications travaillées par les entreprises du monde de l’optique. 

Customer trying on glasses with optician guidance

1. Les engagements environnementaux

La réduction des impacts environnementaux grâce à une gestion durable des ressources est un axe clé de travail dans la filière optique. Cela inclut la réduction de la consommation d’eau et d’électricité, ainsi que la réduction des déchets. Par exemple, les verriers enregistrent des baisses significatives de 15 à 20 % sur ces points, avec un objectif similaire pour les quatre prochaines années. Zeiss Vision Care France, par exemple, a atteint le niveau “Confirmé” du Label Afnor depuis 2022, en raison de son engagement environnemental, notamment sur son site de Fougères. 

La réduction des gaz à effet de serre (GES) comme l’approvisionnement et la fabrication française locale permettent à Novacel, fabricant français de verres, ainsi qu à Krys Group, enseigne coopérative, de revendiquer le Label Origine France Garanti, critère important qui participe respectivement à l’obtention du niveau “Exemplaire” et « Confirmé » de la certification Engagé RSE. 

Essilor Luxottica, avec un périmètre d’action mondial, met en œuvre les normes ISO et s’appuie également sur des référentiels mondiaux d’évaluation tels que le Carbon Disclosure Project. 

Enfin, la restauration des écosystèmes est au cœur des préoccupations. Plusieurs producteurs de verres participent à des initiatives de replantation d’arbres en Europe. 

2. L’utilisation des ressources

L’éco-conception reste un domaine central d’innovation et l’enjeu majeur reste donc la production des éléments constitutifs des lunettes, avec une attention particulière portée sur les montures. 

  • Matières biosourcées : Alain Afflelou, Ecouter Voir et le groupe All (1ère centrale d’achat d’indépendants labélisée Enseigne responsable) ont adopté le bioplastique à base d’une matière dérivée de l’huile de ricin. Lunettes pour Tous, quant à elle, propose une gamme fabriquée à base de fibre de coton bio 
  • Matières recyclées : Ecouter Voir explore également cet approvisionnement avec l’acétate recyclé, tandis qu’Atol et Optic 2000 (Label Enseigne Responsable) proposent des montures fabriquées à partir d’un mélange de plastique recyclé et de matériaux biosourcés. Krys s’associe à Levi’s pour allier mode et éco-conception et Alain Afflelou travaille une gamme de Solaire, H20, à partir de bouteilles plastiques (5 bouteilles pour une monture). 

 

Toutes ces gammes sont fabriquées dans des usines en France, notamment dans le Jura, cœur historique de la lunetterie française. 

Au-delà de toutes ses initiatives d’écoconception, la gestion de fin de vie des lunettes reste balbutiante. On estime à 100 millions le nombre de paires de lunettes qui dorment dans les tiroirs des Français. Les initiatives de recyclage se développent doucement : le programme RecycOptics pour les indépendants, ou la collaboration de la Fondation Krys Group et Terracycle qui permet le recyclage des lunettes en tapis de jeux pour enfants. 

Car aujourd’hui, s’il existe bien une économie circulaire, la collecte des lunettes et des verres de présentation se destine plutôt à un marché de seconde main à des fins humanitaires via l’association Médico Lions Club.  Seul, Krys a noué un partenariat avec Seecly, une marketplace de montures reconditionnées, en lui fournissant les verres. 

3. La santé pour tous

La santé visuelle est forcément au cœur des préoccupations de la filière. Les innovations techniques visent à répondre à toujours de plus de pathologies variées, ou d’apporter du confort visuel en toutes circonstance (lunette intelligente, connectée, luminosité, sport…). 

Cependant, le souci de la santé visuelle des personnes isolées comme celle des enfants est un marqueur commun à l’ensemble des acteurs. Novacel a lancé en 2018 le programme OPTOCAR, un centre itinérant de prévention et de dépistage. Le verrier Hoya, certifié “Engagé RSE”, soutient l’association Orbis, qui parraine et forme des professionnels des soins oculaires dans le monde entier. 

Le Krys Group, à travers son Observatoire de la vue des enfants, mène quant à lui des études sur les enjeux de santé publique liés à l’accès aux soins et la surexposition aux écrans. 

4. Implication dans la filière et avec les parties prenantes

La formation des professionnels est un axe essentiel, avec des certifications comme Qualiopi mises en place par Novacel et Hoya, ou encore l’école d’apprentis chez Krys.  

L’implication des fournisseurs, notamment étrangers, reste un défi, mais des entreprises comme Krys et Atol ont déjà signé la charte “Relations Fournisseurs et Achats Responsables”. 

Mais le sujet le plus délicat reste le consommateur car les entreprises de la filière entretiennent entre elles une concurrence active. Les stratégies de conquête des entreprises de la filière optique s’organisent autour de promotions agressives : % de promotion égal à votre âge, la deuxième paire offerte, voire la troisième pour un membre de sa famille, une paire de lunette à 10€…Des offres à priori peu compatibles avec une démarche RSE. 

Cependant, le discours vers le consommateur évolue avec différentes initiatives : 

  • Pour allier fashion et RSE :  les montures interchangeables chez Atol ou Alain Afflelou ou la location de lunettes chez La Fabrique de Lunettes ou Vine Optic 
  • Pour réduire les achats, la réparation car la plupart des enseignes mettent en avant la notion de durabilité avec leur atelier d’entretien. Le groupe Krys propose d’ailleurs des solutions encore plus engagées avec entre autres des imprimantes 3D pour la réparation des montures cassées en moins de 15 minutes dans tous les magasins de l’enseigne. 
  • Et comme le fondement même de la RSE porte sur la gestion du besoin initial, la vente de lunettes sur mesure. C’est le cas de Polette (bien que fabriquées en Chine) mais aussi du projet Krys avec des magasins pilotes qui testent carrément la fabrication de montures sur place en circuit court en réduisant les déchets par une production à la demande ! Le label de Krys comme Engagé RSE confirmé se comprend. 

 

En conclusion, le monde de l’optique s’engage dans une démarche RSE tout en tenant compte des enjeux économiques. Le Rassemblement des Opticiens de France (ROF), le syndicat professionnel de la branche, soutient cette initiative et travaille à la mise en œuvre d’une Responsabilité Élargie des Producteurs, en collaboration avec tous les acteurs du secteur. 

Pour réussir cette transition, les entreprises doivent repenser la RSE à travers une gestion efficace des données. Cela inclut : 

  • L’utilisation d’outils numériques pour retracer le cycle de vie des produits, de la chaine d’approvisionnement, production et distribution avec des systèmes ERP, PIM, PLM et CRM interconnectés. 
  • La mise en place d’une gouvernance des données. 
  • La formation et la sensibilisation des équipes et des partites prenantes aux enjeux de la collecte et de la standardisation des données. 

 

Par Catherine Fedrigo